Points clés
Un siècle en pleine transformation : en 2017, le président Xi déclarait : « le monde connaît des changements profonds sans précédent depuis un siècle ». Huit ans plus tard, le projet de 15ème plan quinquennal récemment publié affirme que ces changements ne font que s’intensifier. Depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, la Chine est passée d’un engagement prudent à un déploiement affirmé de ses leviers stratégiques, une confiance soulignée par la récente rencontre entre le président américain et Xi Jinping, où le véritable pouvoir de négociation résidait dans le contrôle par Pékin des ressources critiques. Sous l’effet de l’évolution du paysage géopolitique et de la concurrence avec les États-Unis, la Chine a fait des choix stratégiques délibérés qui privilégient une meilleure préparation aux chocs extérieurs, une orientation qui a des répercussions profondes sur l’élaboration des politiques macroéconomiques.
De la maximisation de la croissance au renforcement de la résilience : le 15ème plan quinquennal est axé sur une réorientation stratégique continue visant à renforcer la résilience nationale. Les grandes priorités du plan – autosuffisance en matière de technologies clés et de chaînes d’approvisionnement, développement d’écosystèmes innovants – constituent une réponse claire à la montée du protectionnisme et aux tensions géopolitiques. Parallèlement, le fait de considérer la consommation comme le principal moteur de croissance reflète une évolution de longue date vers une croissance plus équilibrée et tirée par la demande. Rien de surprenant à cela, compte tenu de l’évolution du monde depuis le dernier plan quinquennal. La vraie question est la suivante : la Chine peut-elle relever ce défi et atteindre ses objectifs ambitieux malgré des vents contraires internes et externes ?
La politique à court terme garde le cap : le plan quinquennal, qui s’inscrit dans une perspective à long terme, ne devrait pas influencer la mise en oeuvre des politiques contracycliques au cours des prochains mois. L’économie étant en bonne voie pour atteindre l’objectif de croissance fixé pour cette année, la volonté de conserver une marge de manoeuvre politique pour l’année prochaine est forte. Selon nous, Pékin continuera d’apporter un soutien « suffisant » pour faire tourner le moteur économique jusqu’en 2026.
Les conséquences pour les marchés : les avancées majeures dans les domaines de l’IA, des médicaments innovants et des technologies de fabrication avancées ont alimenté un fort rallye cette année, replaçant les actions chinoises au centre de l’attention des investisseurs internationaux. Si le 15ème plan quinquennal parvient à faire de la Chine un leader en matière d’innovation, ces secteurs pourraient connaître une nouvelle hausse grâce à de solides révisions des bénéfices et à une réévaluation des valorisations. Cela dit, la priorité clairement accordée par le plan quinquennal à l’industrie plutôt qu’à la demande des ménages pourrait entraîner un retard persistant dans la reprise de la consommation, ce qui atténuerait les perspectives des secteurs orientés vers les consommateurs. Ce constat, associé à la prudence à l’égard de la « Chine d’avant », en particulier l’immobilier et ses chaînes d'approvisionnement, nous conduit à rester neutres sur le marché dans son ensemble. Les rendements des obligations d’État pourraient continuer à évoluer dans une fourchette étroite, un assouplissement majeur de la politique monétaire étant reporté à l'année prochaine. Le CNY/USD pourrait disposer d’une marge de manoeuvre supplémentaire pour s’apprécier, compte tenu de la faiblesse attendue du dollar américain et d’une (éventuelle) réévaluation structurelle du yuan.